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festival de Cannes - Page 21

  • Demain, ne manquez pas: "Un Prophète" de Jacques Audiard

    Si vous avez déjà vu "The masterpiece" "Inglourious Basterds" de Quentin Tarantino (que vous DEVEZ voir) dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici, demain précipitez-vous pour voir le grand film de Jacques Audiard "Un Prophète" (cliquez ici pour lire ma critique)... et Inthemoodforcinema.com vous recommande toujours "Partir" de Catherine Corsini et "Joueuse" de Caroline Bottaro .

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     J'en profite aussi pour vous rappeler que sur http://www.inthemoodfordeauville.com , chaque jour, j'ai le plaisir de vous faire gagner des pass pour le Festival du Cinéma Américain de Deauville. N'hésitez pas à tenter votre chance!
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    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2008 Pin it! 2 commentaires
  • 10 bonnes raisons de courir voir « Un Prophète » de Jacques Audiard pour lequel Inthemoodforcinema.com vous fait gagner 2 places pour 2

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    Le 26 août prochain sortira en salles « Un Prophète » de Jacques Audiard, un de mes grands coups de cœur de ce Festival de Cannes 2009 et surtout le Grand Prix de ce 62ème Festival de Cannes. Je vous en reparle aujourd'hui avec davantage de recul qu'en mai dernier, là, loin de l'euphorie cannoise, cette dernière ne m'ayant peut-être pas laissé le temps de l'apprécier et le savourer complètement.

    Pour gagner vos places, c'est très simple, envoyez moi un email avec vos coordonnées à inthemoodforcinema@gmail.com avec, comme intitulé, « Un Prophète ». Les 2 plus rapides obtiendront ces 2 places pour 2.

     10 bonnes raisons d'aller voir « Un Prophète » de Jacques Audiard :

     Synopsis : Malik (Tahar Rahim), condamné à 6 ans de prison, ne sachant ni lire ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul à monde, il paraît ainsi plus jeune et plus fragile que les autres détenus. Il n'a que 19 ans. D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner la loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des « missions » il s'endurcit et gagne la confiance des Corses. Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer son propre réseau.

    1. Parce que Jacques Audiard réussit à captiver le spectateur en l'immergeant dans un univers a priori particulièrement rugueux. Et il y parvient,  magistralement, sans pour autant tomber dans la facilité, et notamment pas dans l'écueil du manichéisme dans lequel il aurait été si facile de tomber dans l'évocation du milieu carcéral, nous faisant suivre pas à pas, le souffle coupé, le cœur de battre presque arrêté, le parcours sinueux de ce jeune détenu.

    2. Pour l'interprétation magistrale  de Tahar Rahim dont c'est ici le premier grand rôle , une véritable révélation qui aurait mérité un prix d'interprétation à Cannes, qui campe ici un personnage à la fois fragile, énigmatique, égaré,  malin,  angélique et (puis) diabolique dont le regard et la présence, le jeu nuancé magnétisent l'écran, et qui est pour beaucoup dans le caractère attachant de ce personnage tout en ambivalence et mystère.

    3. Parce que Jacques Audiard est un des grands cinéastes français actuels. Que son univers, son style ( et ses thèmes récurrents: filiation, rédemption, violence  sociale...) ne ressemblent à aucun autre. Pour sa mise en scène, sobre, nerveuse, efficace, inspiré.

    4. Parce que de son cinéma émane une poésie violente, singulière, saisissante, captivante.

    5. Pour la portée politique de son film qui n'en cesse pas pour autant d'être divertissant. Un divertissement intelligent.   A l'heure où les conditions de vie dans les prisons font objet de débat, tout en étant indéniablement divertissant, le film d'Audiard a une incontestable portée politique, chaque seconde du film démontrant à quel point la prison est devenue une microsociété où les trafics semblent se pérenniser, voire se développer. Les gardiens sont d'ailleurs très peu présents dans le film et les prisonniers semblent presque circuler à leur guise, à l'abri des regards extérieurs, là où la violence semble pourtant encore plus palpable. Audiard pointe le doigt sur une réalité tout en n'oubliant jamais le spectateur, tout en n'étant jamais dans le didactisme, la morale, non, il montre une réalité (la difficulté de vie dans les prisons où se développent les trafics plus qu'elles ne réinsèrent) en pleine actualité à l'image de ce qu'était l'école, sujet principal de la palme d'or 2008 « Entre les murs », raison pour laquelle, aussi, le film d'Audiard qui nous montre lui aussi une « métaphore de la société » (racisme etc... se retrouve, aussi, entre ces murs)  « entre les murs », entre d'autres murs,  avait été fortement pressenti pour la palme d'or de ce Festival de Cannes 2009.

    6. Pour la richesse de ses personnages et évidemment de son personnage principal. Audiard montre une nouvelle fois son attachement à ses personnages et l'empathie dont il sait faire preuve à leur égard et nous faire passer, aussi abîmés par la vie soient-ils, des personnages que les difficultés de l'existence transforment radicalement. Malik réalise ainsi un véritable parcours initiatique  Ainsi,   orphelin, illettré, fragile, influençable,  il va réussir à s'en sortir grâce à son intelligence. Malik va aussi user de la violence tout en étant rongé par la  culpabilité, une culpabilité que les séquences oniriques rappellent, avec originalité et subtilité.  Le titre "Un prophète" est, selon Jaques Audiard,  à prendre "dans un sens ironique". C'est l'arrivée d'"un nouveau type de criminel, qui n'est pas un psychopathe, il est même un peu angélique". De victime, Malik devient ainsi héros, même  si c'est sa survie qui l'exige : un héros meurtrier

    7. Pour le scénario (idée originale d' Abdel Raouf Dafri, scénariste du dyptique Mesrine, et co-écrit par Thomas Bidegain et Jacques Audiard) de ce  grand film qui mêle avec brio fantasmagorie et réalisme, violence et poésie noire, meurtre et rédemption, divertissement et sujet de société.  L'excellent « Un héros très discret » avait d'ailleurs reçu le prix du scénario en 1996.

    8. Parce que l'exigence et la rigueur (scénaristique, de mise en scène, d'interprétation) ne se font pas au détriment du public, bien au contraire.

    9. Parce que c'est un film de genre qui en même temps n'appartient à aucun et le renouvèle. Fable initiatique. Film social et politique. Faux documentaire onirique. Film d'action. Il concilie les paradoxes et transcende les genres.

    10. Parce que s'il n'a pas obtenu la consécration cannoise escomptée et méritée, il ne dépend que de vous qu'il la connaisse en salles.

    ...11. Parce que vous ne verrez pas  passer ces 2H20 bien qu'emprisonnés (je vous le garantis) et parce que ça fait déjà beaucoup plus de 10 raisons d'y aller et que c'est suffisamment rare pour être souligné et récompensé par un grand succès en salles.

  • Le film de la semaine: "Inglourious Basterds" de Quentin Tarantino et...

    Je vous en ai déjà parlé 1(0) ou 2(0) fois depuis le Festival de Cannes où il était présenté en compétition officielle mais je ne pouvais pas ne pas vous en parler aujourd'hui, jour de sortie en salles de ce film dont il est je pense inutile de vous dire à nouveau que je vous le recommande (très, très) vivement.

    Cliquez ici pour lire ma critique d'"Inglourious Basterds" de Quentin Tarantino.

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    Aujourd'hui, vous pouvez également voir "Memory of love" de Wang Chao pour lequel je vous fais gagner des places jusqu'au 21 août.

     Cliquez ici pour gagner des places pour deux pour "Memory of love " de Wang Chao et pour lire ma critique.

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    Demain, je vous parlerai de l'autre excellent film de ce mois d'août à ne manquer sous aucun prétexte:

     "Un Prophète" de Jacques Audiard dont vous pouvez lire ma critique (un peu succincte car écrite en plein tourbillon cannois), en cliquant ici.

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  • La critique d'"Inglourious Basterds" de Quentin Tarantino. Chef d'oeuvre! (?)

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    Dans les coulisses du Grand Journal- Festival de Cannes 2009 - Diane Krüger et Quentin Tarantino

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    Dans les coulisses du Grand Journal de Canal Plus, plage du Martinez- Festival de Cannes 2009- Christoph Waltz et Diane Krüger

    (©Inthemoodforcinema.com)

    Je vous ai déjà maintes fois parlé d' "Inglourious Basterds" de Quentin Tarantino depuis sa projection cannoise dont c'est un euphémisme de dire qu'elle m'a enthousiasmée. Si son acteur principal, Christoph Waltz, s'est vu (à juste titre) remettre le prix d'interprétation masculine, une palme d'or aurait également été amplement méritée même si le jury  a préfèré à la flamboyance tanrantinesque l'austérité du "Ruban blanc" de Michael Haneke qui, malgré ses nombreuses qualités, aurait peut-être davantage mérité un grand prix ou un prix du jury.

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    Brad Pitt, Quentin Tarantino, Mélanie Laurent à la sortie de la conférence de presse cannoise

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    (©Inthemoodforcinema.com)

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    (©Inthemoodforcinema.com)

    La sortie du film, dans une semaine (le 19 août) est pour moi l'occasion de vous en parler à nouveau et de vous encourager vivement à aller le voir. J'ignore ce que donne ce nouveau montage de 2H28 (ont notamment été rajoutées les scènes coupées de Maggie Cheung , scènes qui, selon la rumeur, auraient été coupées pour ne pas froisser la susceptibilité de la présidente du jury Isabelle Huppert qui devait initialement interpréter son rôle), le premier me paraissait déjà irréprochable.

    Si j'ai ajouté un point d'interrogation au titre de cet article, c'est simplement pour avoir votre avis à la suite de cette note car ma réponse est indubitablement positive.

    Je vous propose donc, de nouveau, ci-dessous, ma critique publiée lors du dernier Festival de Cannes:

    CRITIQUE D'"INGLOURIOUS BASTERDS" DE QUENTIN TARANTINO

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    Bien sûr, j’ai été envoûtée par la poésie et la mélancolie sensuelles des « Etreintes brisées » de Pedro Almodovar ( sur lequel je reviendrai et avec lequel le film de Tarantino présente d’ailleurs quelques similitudes), bien sûr j’ai été enthousiasmée par la précision remarquable de la réalisation de Jacques Audiard mais le film de Quentin Tarantino est le premier de ce festival et peut-être même le premier film depuis un moment à m’avoir ainsi hypnotisée, captivée, étonnée de la première à la dernière seconde. Le premier film depuis longtemps que j’avais envie de revoir à peine le générique achevé.

     

    Pitch : Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l’exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa ( Christoph Waltz). Shosanna (Mélanie Laurent) s’échappe de justesse et s’enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d’une salle de cinéma. Quelque part, ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt) forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement  sanglantes contre les nazis. « Les bâtards », nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à l’actrice allemande et agent secret Bridget von Hammersmark (Diane Krüger) pour tenter d’éliminer les dignitaires du troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l’entrer du cinéma où Shosanna est décidée à mettre à exécution une vengeance très personnelle.

     

    De ce film, très attendu et seul film américain de cette compétition officielle 2009, je n’avais pas lu le pitch, tout juste vu la bande-annonce qui me faisait craindre une grandiloquence maladroite, un humour douteux, voire indécent sur un sujet délicat. Je redoutais, je pensais même détester ce film et ne m’attendais donc pas à ce que la première séquence (le film est divisé en 5 chapitres qui correspondent aux parcours de 5 personnages) me scotche littéralement à l’écran dès la première seconde, à ne plus pouvoir m’en détacher jusqu’à la dernière ligne du générique.

     

    L’un des premiers plans nous montre une hache dans un univers bucolique que la caméra de Tarantino caresse, effleure, esquisse et esquive : finalement ce simple plan pourrait résumer le ton de ce film, où la menace plane constamment, où le décalage est permanent, où toujours le spectateur est sur le qui-vive, la hache pouvant à chaque instant venir briser la sérénité. Cette première séquence dont nous ne savons jamais si nous devons en rire, ou en frissonner  de plaisir (parce qu’elle est jubilatoire à l’image de tout ce film, une première séquence au sujet de laquelle je ne vous en dirai pas plus pour maintenir le suspense et la tension incroyables qui y règne) ou de peur, est sans nul doute une des plus réussies qu’il m’ait été donné de voir au cinéma.

     

     Chaque séquence au premier rang desquelles la première donc recèle d’ailleurs cette même ironie tragique et ce suspense hitchcockien, le tout avec des plans d’une beauté, d’une inventivité sidérantes, des plans qui sont ceux d’un grand cinéaste mais aussi d’un vrai cinéphile (je vous laisse notamment découvrir ce plan magnifique qui est un hommage à « La Prisonnière du désert » de John Ford )  et d’un amoureux transi du cinéma. Rien que la multitude  de références cinématographiques mériterait une deuxième vision tant l’admiration et la surprise lors de la première empêchent de toutes les distinguer.

     

     Oui, parce que « Inglourious Basterds » est aussi un western. « Inglourious Basterds » appartient en réalité à plusieurs genres… et à aucun : western, film de guerre, tragédie antique, fable, farce, comédie, film spaghetti aussi. En fait un film de Quentin Tarantino .  (« Inglourious Basterds » est inspiré d’un film italien réalisé par Enzo G.Castellari). Un genre, un univers qui n’appartiennent qu’à lui seul et auxquels il parvient à nous faire adhérer, quels qu’en soient les excès, même celui de réécrire l’Histoire, même celui de se proclamer chef d’œuvre avec une audace et une effronterie  incroyables. Cela commence ainsi comme un conte  (« il était une fois »), se termine comme une farce.

     

    Avec quelle facilité il semble passer d’un ton à l’autre, nous faire passer d’une émotion à une autre, comme dans cette scène entre Mélanie Laurent et Daniel Brühl, dans la cabine de projection, une scène  qui, en quelques secondes, impose un souffle tragique poignant, époustouflant, d’un rouge éblouissant. Une scène digne d’une tragédie antique.

     

    Il y a du Hitchcock dans ce film mais aussi du Chaplin pour le côté burlesque et poétique et du Sergio Leone pour la magnificence des plans, et pour cet humour ravageur, voire du Melville aussi pour la réalisation, Meville à qui un autre cinéaste (Johnnie To) de cette compétition se référait d’ailleurs. Voilà, en un endroit tenu secret, Tarantino, après les avoir fait kidnapper et fait croire à leurs disparitions au monde entier, a réuni Chaplin,  Leone, et Hitchcock et même Melville et Ford, que l’on croyait morts depuis si longtemps et leur a fait réaliser ce film qui mêle avec brio poésie et sauvagerie, humour et tragédie.

     

    Et puis, il y a en effet le cinéma. Le cinéma auquel ce film est un hommage permanent, une déclaration d’amour passionnée, un hymne vibrant à tel point que c’est le cinéma qui, ici, va sauver le monde, réécrire la page la plus tragique de l’Histoire, mais Tarantino peut bien se permettre : on pardonne tout au talent lorsqu’il est aussi flagrant. Plus qu’un hommage au cinéma c’est même une leçon de cinéma, même dans les dialogues : « J’ai toujours préféré Linder à Chaplin. Si ce n’est que Linder n’a jamais fait un film aussi bon que « Le Kid ».  Le grand moment de la poursuite du « Kid ». Superbe . »  Le cinéma qui ravage, qui submerge, qui éblouit, qui enflamme (au propre comme au figuré, ici). Comment ne pas aimer un film dont l’art sort vainqueur, dans lequel l’art vainc la guerre, dans lequel le cinéma sauve le monde ?

     

     

    Comment ne pas non plus évoquer les acteurs : Mélanie Laurent, Brad Pitt, Diane Krüger, Christoph Waltz, Daniel Brühl y sont magistraux, leur jeu trouble et troublant procure à toutes les scènes et à tous les dialogues (particulièrement réussis) un double sens, jouant en permanence avec le spectateur et son attente. Mélanie Laurent qui a ici le rôle principal excelle dans ce genre, de même que Daniel Brühl et Brad Pitt qui, depuis « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford », le chef d’œuvre d’Andrew Dominik ne cesse de prendre de l’épaisseur et nous surprendre.

     

    Que dire de la BO incroyable qui, comme toujours chez Tarantino, apporte un supplément de folie, d’âme, de poésie, de lyrisme et nous achève…

     

    Si Quentin Tarantino a déjà remporté la palme d’or en 1994 (et a notamment présidé le jury en 2004, remettant la palme d’or à Michael Moore pour « Fahrenheit 9/11 », il a également donné une leçon de cinéma l’an passé), il pourrait bien renouveler l’exploit. A défaut, il mériterait le prix de la mise en scène auquel pourraient également prétendre Jacques Audiard et Pedro Almodovar, deux films de ce point vue également parfaits... Il est en tout cas impossible qu’il ne figure pas au palmarès, même si les dissensions avec Isabelle Huppert qui avait effectué le casting pour « Inglourious Basterds » pourraient compliquer encore la tâche.

     

    Quentin Tarantino avec ce septième long-métrage a signé un film audacieux, brillant, insolent, tragique, comique, lyrique, exaltant, décalé, fascinant, irrésistible, cynique, ludique, jubilatoire, dantesque, magistral. Une leçon et une déclaration d’amour fou et d’un fou magnifique, au cinéma.  Ce n’est pas que du cinéma d’ailleurs : c’est un opéra baroque et rock. C’est une chevauchée fantastique. C’est un ouragan d’émotions. C’est une explosion visuelle et un ravissement permanent et qui font passer ces 2H40 pour une seconde !

     

     Bref, il se pourrait bien qu’il s’agisse d’un chef d’œuvre… Je vous laisse en juger par vous-mêmes lors de sa sortie en salles le 21 août et lors de la proclamation du palmarès de ce festival de Cannes 2009 dont il est impossible qu’il ne l’honore pas… A contrario de ses « bâtards sans gloire », Tarantino mérite indéniablement d’en être auréolé ! « Inglourious Basters » était le film le plus attendu de ce festival 2009. A juste titre.

     

    Qu’a pensé Pedro Almodovar, également présent  à la séance à laquelle j’ai vu ce film ? Sans doute que tous deux aiment passionnément le cinéma, et lui rendent un vibrant hommage  (la dernière réplique du film de Tarantino fait ainsi écho à celle de celui d’Almodovar).

     

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  • Avant-première- Critique de la palme d’or 2009, « Le ruban blanc » de Michael Haneke (Festival Paris Cinéma 2009)

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    Photo: inthemoodforcannes.com (clôture du Festival de Cannes 2009)

    pariscinema.jpgAvant-hier, dans le cadre de Paris Cinéma, était projetée la palme d’or du Festival de Cannes 2009 : « Le ruban blanc » de Michael Haneke. N’ayant pas pu le voir sur la Croisette, j’étais impatiente de voir ce film que le jury avait préféré au magistral « Un Prophète » de Jacques Audiard (cliquez ici pour lire mes commentaires) et surtout à « Inglourious  Basterds » de Quentin Tarantino (cliquez ici pour lire ma critique), mon coup de cœur de ce Festival de Cannes 2009.

     

    En raison de l’inimitié ou de la potentielle rancœur subsistant entre Isabelle Huppert et Quentin Tarantino suite à leurs dissensions lors du casting d’ « Inglourious Basterds » et du lien particulier qui unit cette dernière à Haneke  ( « La Pianiste » du même Haneke lui a valu un prix d’interprétation cannois), je supposais  que « Le ruban blanc » devait être un chef d’œuvre tel que ce prix mettait la présidente du jury 2009 hors du moindre soupçon d’avoir favorisé le réalisateur autrichien, pour des raisons autres que cinématographiques.

     

    Alors, « un ruban blanc » est-il ce chef d’œuvre irréfutable faisant de cette palme d’or une évidence ?

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    Haneke est aussi outrancier dans l’austérité que Tarantino l’est dans la flamboyance. Leurs cinémas sont à leurs images, extrêmes. Alors difficile de comparer deux films aussi diamétralement opposés même si pour moi l’audace, l’inventivité, la cinéphilie de Tarantino le plaçaient au-dessus du reste de cette sélection 2009. Audace, inventivité, cinéphilie : des termes qui peuvent néanmoins tout autant s’appliquer à Haneke même si pour moi « Caché » (pour lequel il avait reçu un prix de la mise en scène en 2005) méritait davantage cette palme d’or (et celui-ci un Grand Prix) qui, à défaut d’être une évidence, se justifie et se comprend aisément.
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    Synopsis : Un village de l’Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre Mondiale. Un instituteur raconte l’histoire d’étranges incidents qui surviennent dans la petite communauté protestante formée par les élèves et leurs familles. Peu à peu, d’autres accidents surviennent et prennent l’allure d’un rituel primitif.

     

    Quel qu’en soit l’enjeu  et aussi âpre soit-elle, Haneke a le don de créer une atmosphère quasi hypnotique, et de vous y plonger. L’admiration pour la perfection formelle  l’emporte toujours sur le rejet de l’âpreté, sur cette froideur qui devrait pourtant nous tenir à distance, mais qui aiguise notre intérêt, notre curiosité. La somptuosité glaciale  et glaçante de la réalisation, la perfection du cadre et des longs plans fixes où rien n’est laissé au hasard sont aussi paralysants que l’inhumanité qui émane des personnages qui y évoluent.

     

    Derrière ce noir et blanc, ces images d’une pureté étrangement parfaite,  à l’image de ces chérubins blonds symboles d’innocence et de pureté (que symbolise aussi le ruban blanc qu’on leur force à porter) se dissimulent la brutalité et la cruauté.

     

    L’image se fige à l’exemple de cet ordre social archaïquement hiérarchisé, et de cette éducation rigoriste et puritaine dont les moyens sont plus cruels que les maux qu’elle est destinée prévenir et qui va provoquer des maux plus brutaux encore que ceux qu’elle voulait éviter. La violence, au lieu d’être réprimé, s’immisce insidieusement pour finalement imposer son impitoyable loi. Cette violence, thème cher à Haneke, est toujours hors champ, « cachée », et encore plus effrayante et retentissante.

     

    Ce ruban blanc c’est le symbole d’une innocence ostensible qui dissimule la violence la plus insidieuse et perverse. Ce ruban blanc c’est le signe ostentatoire d’un passé et de racines peu glorieuses qui voulaient se donner le visage de l’innocence. Ce ruban blanc, c’est le voile symbolique de l’innocence qu’on veut imposer pour nier la barbarie, et ces racines du mal qu’Haneke nous  fait appréhender avec effroi par l’élégance moribonde du noir et blanc.

     

    Ces châtiments que la société inflige à ses enfants en évoquent d’autres que la société infligera à plus grande échelle, qu’elle institutionnalisera même pour donner lieu à l’horreur suprême, la barbarie du XXème siècle. Cette éducation rigide va enfanter les bourreaux du XXème siècle dans le calme, la blancheur immaculée de la neige d’un petit village a priori comme les autres.

     

    La forme démontre alors toute son intelligence, elle nous séduit d’abord pour nous montrer toute l’horreur qu’elle porte en elle et dissimule à l’image de ceux qui portent ce ruban blanc.

     

    Que dire de l’interprétation ? Elle est aussi irréprochable. Les enfants jouent avec une innocence qui semble tellement naturelle que l’horreur qu’ils recèlent en devient plus terrifiante encore.

     

    Avec une froideur et un ascétisme inflexibles, avec une précision quasi clinique, avec une cruauté tranchante et des dialogues cinglants, avec une maîtrise formelle fascinante,  Haneke poursuit son examen de la violence en décortiquant ici les racines du nazisme, par une démonstration implacable et saisissante. Une œuvre inclassable malgré ses accents bergmaniens.

     

    Un film à voir absolument. L'oeuvre austère, cruelle, dérangeante, convaincante, impressionnante d'un grand metteur en scène.

     

    Sortie en salles: le 21 octobre 2009

  • « La vie passera comme un rêve » : autobiographie de Gilles Jacob, entre rêve et réalité

    citizen Cannes.jpgAlors que dans 15 jours aura débuté le 62ème Festival de Cannes et retentira à nouveau l’électrisante musique de Saint-Saens indissociable du festival, la fébrilité qui précède toujours le plus grand festival de cinéma au monde s’accroît peu à peu, pour ceux qui auront la chance d’y aller en tout cas, encore que… je me souviens, il y a 10 ans déjà, avant d’aller au Festival pour la première fois, et même bien avant, lorsque je suivais cet évènement avec la plus grande attention et avec une curiosité insatiable, de mon canapé alors ou dans les journaux de cinéma que je dévorais déjà, ce festival illuminait les mois de Mai les plus sombres.

     

    Cette fébrilité est pour moi à son comble cette année d’une part parce que le programme de cette 62ème édition est particulièrement réjouissant avec un nombre record de grands cinéastes (de grands auteurs dirait, à juste titre, Gilles Jacob), d’autre part parce que, pour de nombreuses raisons sur lesquelles je reviendrai ultérieurement, cette édition s’annonce pour moi particulièrement riche et palpitante.

     

    « La vie passera comme un rêve ». La phrase du titre de l’ouvrage de Gilles Jacob est aussi celle que pourraient s’approprier tous ceux qui veulent faire de leur passion une profession, une vie même. Faire que la vie passe comme un rêve. Ressemble à du cinéma, que l’un et l’autre se confondent dans un tango passionné. Et passionnant. Que la vie soit un tourbillon étourdissant comme l’est le Festival de Cannes tout comme il peut, parfois, aussi, être effrayant, ravageur, déstabilisant (mais l’étourdissement l’emporte toujours, la preuve : depuis 9 ans, ce rendez-vous cannois est pour moi incontournable).

     

    Même si vous n’êtes pas des habitués de la Croisette, vous connaissez forcément Gilles Jacob, cet homme à la silhouette longiligne, à l’élégance joliment surannée (tout comme l’est son écriture), au sourire imperturbable, au regard rassurant qui accueille les invités du Festival en haut des marches (ou descendant parfois jusqu’au parvis pour les accueillir, ce dont on apprend dans le livre qu’il s’agit là du privilège suprême).

     

    Plutôt que de n’évoquer que ce tourbillon étourdissant,  qui l’est évidemment d’autant plus pour lui qu’il en occupe les plus hautes fonctions depuis plus de trente ans, Gilles Jacob a eu la bonne idée d’y mêler sa propre histoire personnelle et notamment son enfance qu’il a en partie vécue caché dans un séminaire pour échapper aux nazis, après avoir échappé à une arrestation qui aurait probablement été fatale. Sa deuxième bonne idée est la construction de l’ouvrage, d’ailleurs très cinématographique, une (dé)construction judicieuse un peu à la Mankiewicz ou à la Orson Welles, un ouvrage assaisonné d’humour et d’autodérision à la Woody Allen dont Gilles Jacob est un fervent admirateur. La dernière bonne idée est de n’avoir pas céder à cette mode du déballage personnel sans pour autant que ce soit inintéressant ou convenu. Bien au contraire.

     

    Ce livre qui mêle astucieusement les lumières, souvent aveuglantes de la Croisette (mais par lesquelles il ne s’est jamais laissé éblouir sans pour autant en être blasé), et la mélancolie de l’enfance en apprendra beaucoup à ceux qui ne connaissent rien du festival et ravira encore davantage ceux qui le fréquentent.

     

    On imagine qu’il a dû être difficile de choisir entre la multitude de souvenirs qu’il a engrangés toutes ces années., de choisir ce qui devait rester dans l’ombre ou pouvait passer dans la lumière.

     

    Parmi les anecdotes les plus passionnantes :

     La concurrence avec la Quinzaine des Réalisateurs dont on comprend l’origine et la teneur. Son admiration pour les actrices, en particulier Juliette Binoche ; Isabella Rossellini ;  Jeanne Moreau qu’il définit comme sensuelle, intelligente, malicieuse , talentueuse ; Catherine Deneuve dont il rappelle la peur de parler en public (et qui avait eu l’immense modestie aussi de l’évoquer, lors de sa venue à SciencesPo ) mais là aussi l’intelligence et l’élégance ;  Isabelle Huppert qu’il a choisie comme présidente pour ce festival 2009 et dont deux phrases pourraient justifier le choix :« Je n’ai connu aucune actrice au monde ayant obtenu autant de sélections à Cannes » et « elle est à la fois au centre et à la marge. »  Comment Benigni aura le Grand Prix alors que son film ne correspond pas à la définition de ce prix qui est « un film qui manifeste un esprit de recherche et d’originalité. » Les démons attendrissants de Lars Van Triers. Que deux réalisateurs ont refusé la présidence : Carlos Saura et Andrzej Wajda. Son amitié pour Daniel Toscan du Plantier. Les caprices de certains politiques et, plus encore, de leurs entourages. Son émotion lors du cinquantième anniversaire. L’élégance imperturbable de Clint Eastwood, lors d’un tremblement de terre. Le pourquoi du pin’s star d’Alain Delon et son admiration, aussi, pour celui-ci. L’explication des trois récompenses attribuées à « Barton Fink » des frères Coen, l’année où Roman Polanski présidait le jury et les caprices d’enfant gâté de ce dernier. Le cyclone Depardieu, aussi talentueux qu’imprévisible. Les délibérations, les constitutions épiques des jurys. Les revirements de situations. Les tractations palpitantes et invraisemblables pour obtenir un film. Et autant de personnalités qui deviennent ici des personnages dont il dévoile le plus souvent une facette touchante, sans pour autant édulcorer leurs aspects les plus sombres, notamment ceux de Pialat dont il parle à de nombreuses reprises.  Et puis évidemment, le personnage principal : le cinéma qu’il sert si bien et que Cannes honore si bien depuis trente ans.

      

    Comme l’écrit Gilles Jacob : « Cannes n’est pas un paradis pour les âmes sensibles ». On imagine aisément (d’autant plus que je l’ai parfois constaté) la violence que peut parfois représenter une projection cannoise pour une équipe. Cannes ne connaît pas la demi-mesure dans la majesté comme dans la brutalité, dans le rêve comme dans le cauchemar, mais c’est aussi ce qui rend ce festival irrésistible et unique.

     

    C’est le livre savoureux d’un homme passionné (de cinéma, par les cinéastes, par son festival évidemment mais aussi par la vie), enthousiaste et enthousiasmant, qui mêle intelligemment, cinéma et réalité, son histoire et l’Histoire, et évidemment l’Histoire du cinéma, un homme doucement ironique, empathique, au regard sensible et aiguisé, pétri de cette inquiétude bien légitime, qui ne l’a pas quitté depuis la guerre, et qui fait qu’il a peut-être aussi toujours gardé ce regard d’enfant inquiet et curieux. Un homme   qui a l’humilité et l’élégance des grands. L’élégance de ne pas trop en dire. L’élégance de nous faire partager ce rêve. L’élégance de partager sa passion. L’élégance de faire passer les artistes et les films avant tout. L’élégance qui nous fait comprendre pourquoi Cannes est encore et toujours le premier festival de cinéma au monde. L’élégance mais aussi la folie des passionnés car, comme il le dit lui-même : « Il faut être vraiment fou pour continuer à relever ce défi : révéler, surprendre, faire rêver ». Gageons d’ores et déjà que ce Festival 2009 remplira à nouveau ce beau défi. Révéler. Surprendre. Faire rêver.   Un Festival 2009 qui, à n’en pas douter, à nouveau « passera comme un rêve ».

     

    Si je ne devais garder qu’un souvenir de Cannes, ce serait bien difficile, tant j’en ai déjà, même « seulement » après 8 éditions, mais ce serait peut-être la  mémorable soirée des 60 ans- voir mon article, mes photos et vidéos de cette soirée en cliquant ici- (dont il est dommage que Gilles Jacob n’ait pas parlé, peut-être dans un tome 2 ?), et un souvenir de Gilles Jacob, ce serait son hommage mémorable, ému et émouvant à Catherine Deneuve (voir mon récit ici) qu’il évoque d’ailleurs dans le livre.

     

     Rendez-vous sur  "In the mood for Cannes"  et sur « In the mood for cinema », du 13 au 25 mai, de l’ouverture à la clôture, des salles de projection aux soirées cannoises, pour en avoir le récit de ce 62ème Festival de Cannes.

     

    Sandra.M

  • « Villa Amalia » de Benoît Jacquot avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois…

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    Année chargée pour la Présidente du jury du 62ème Festival de Cannes puisque, après « Un  Barrage contre le Pacifique », l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Marguerite Duras par Rithy Panh, Isabelle Huppert est en effet actuellement à l’affiche de « Villa Amalia » de Benoît Jacquot.

     

    Par hasard, Ann (Isabelle Huppert),  pianiste de profession,  surprend son mari Thomas (Xavier Beauvois) embrassant une autre femme. Au même instant, alors qu’elle est hypnotisée et terrassée par cette scène, se déroulant derrière les grilles d’un jardin, un ami surgi de l’enfance, Georges, (Jean-Hugues Anglade) la surprend. Avec son appui, elle décide alors de changer de vie, de tout quitter, pour bientôt se retrouver sur une île, là où se trouve la villa Amalia…

     

    Adapté du roman éponyme de Pascal Quignard, « Villa Amalia » est le cinquième film du réalisateur avec Isabelle Huppert et pour cette cinquième collaboration il a choisi un thème universel pour un film qui ne l’est pas. Le profond malaise (et même l’agacement) que m’a inspiré ce film m’a probablement ôté tout jugement purement cinématographique, d’où cette critique inhabituellement courte et négative… En effet, rarement l’atmosphère d’un film m’aura mise si mal à l’aise, à tel point que j’ai failli quitter la salle avant la fin. Le film est ainsi imprégné du dépouillement, de la brutalité et de l’austérité de son personnage principal, et alternativement d’une musique (de Bruno Coulais) et d’un silence vertigineux.

     

    Ann se dépouille de tout ce qui lui pèse et l’emprisonne et caractérise sa vie d’avant : biens matériels (photos, sa maison d’une blancheur terrifiante et nauséeuse, cheveux, pianos …) et même de son identité pour endosser celle de son ami d’enfance, symbole de cette innocence qu’elle veut retrouver et de sa renaissance. Comme un signe du destin, elle qui a perdu son frère va habiter la maison qu’un homme décédé avait construit pour sa sœur, une maison qui domine la mer, où elle fait corps avec le paysage et la nature. (Benoît Jacquot use et abuse des plans larges pour bien nous le faire comprendre).

     

    Le réalisateur de « L’école de la chair » signe ici un film désincarné et nous embarque dans une maison sans âme où son héroïne semble s’évader tandis que je ne rêvais que d’une chose : en faire de même pour fuir ce film oppressant, où le bleu de la mer et le rouge de cette villa Amalia ne parviennent pas à apporter des couleurs à ce film d’une pâleur cadavérique…

     

    Isabelle Huppert interprète avec justesse ce personnage antipathique noyé (elle nage, beaucoup et avec violence, pour ne pas couler, ne pas être submergée)  dans sa pesante réalité qui prend visage humain le temps d’une main sur un visage, et Jean-Hugues Anglade, irréprochable, avec ce rôle d’homme sentimental et attachant, atténue par sa douceur la rugosité d’Ann et celle du film. Leurs scènes communes apportent cette émotion qui fait défaut au reste du film,  se tenant par la main, comme deux enfants partageant un secret, égarés dans un monde d’adultes qui ne comprend pas leur singularité, leurs envies de fuites.

     

     Ne parlons pas du scénario : là n’est pas l’objet de ce film délibérément elliptique (et se noyant paradoxalement, lui aussi, dans des détails inutiles) qui certes nous donne le goût de l’abandon, et  de la liberté : celle en tout cas de fuir ce film sombre et morose  comme Ann sa réalité étouffante…

     

    Sur le même thème voyez plutôt le splendide « Into the wild » de Sean Penn et pour lire un autre point de vue sur ce film et contrebalancer cette critique, je vous conseille la critique suivante : http://www.toujoursraison.com/2009/04/villa-amalia.html .

     

    Sandra.M